Suite à son envie de travailler avec la sève des arbres et curieuse de découvrir les capacités techniques et plastiques dont elle dispose, Camille s’était fixée un objectif de démonstration de départ qui était : comment montrer que la sève à sa place dans une recherche de design.
C’est après avoir fait un état des lieux concernant les sèves récoltées en France et leurs utilisations que son attention s’est centrée sur la résine de pin qui est la sève élaborée du pin maritime. Camille a remarqué qu’elle était une ressource encore inexploitée dans le champs du design alors qu’elle est depuis des générations produite et récoltée pour ses caractéristiques techniques, dont les applications n’ont pas évolué depuis le XVIIème.
Ayant fortement marquée l’histoire culturelle des Landes, elle s’est donc intéressée aux biens du territoire (savoir-faire, culture, équipement) afin de valoriser l’ensemble des ressources disponibles sur place. Dès lors, la résine de pin est devenue pour elle une porte d’entrée à des rencontres, des échanges et des découvertes.
D’abord Camille a mené une recherche exploratoire et empirique avec la sève. Il lui a fallu ensuite entreprendre un protocole scientifique avec des allers-retours entre la chimie de la matière et la caractérisation de sa réaction mécanique pour mettre au point des semi-produits exploitables. Cette recherche s’est parallèlement incarnée par des valeurs de préservation du territoire, l’amenant à une démarche de design propre aux rencontres faites sur place.
Pour chacun des objets réalisés, l’élaboration des produits semi-finis est née d’une caractéristique de la matière combinée à la rencontre avec un artisan local. Après l’observation de leur atelier, des moyens qu’ils disposent et la découverte de leur démarche créative, qui est pour tous, influencée par leur territoire, l’orientation de ses pistes d’applications s’est orientée vers des questionnements locaux. Dans cette situation, le designer se place comme sous-traitant des artisans pour la création de produits vernaculaires en vue de participer à une relance de la résine respectueuse de la temporalité de la matière. La sève s’intègre ainsi dans le travail de l’artisan en fonction de la générosité de la nature sans demander de nouvelle structure de production.
Les projets : Pinède, Papadou, Eden sont issus de cette démarche.
Pinède (en collaboration avec l’ébéniste Thomas Pinsard):
Papadou:
Eden:
Les autres objets ont été imaginés à partir des caractéristiques encore inexploitées de la résine du fait de la forte contextualisation des demandes des artisans. Ils mettent ainsi en lumière le potentiel technique et plastique de la matière tout en respectant son histoire et son identité. Dans ce second travail, les objets sont les témoins de l’expérience de Camille sur le territoire.
Les projets Pilastre, Lutz, Sablon sont issus de cette démarche.
Pilastre (en collaboration avec Simon Muller):
Lutz:
Sablon:
N’hésitez pas à vous rendre sur le site de Camille afin d’avoir toutes les explications et les processus créatifs de chacun de ses projets.
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Photos: © Daedal.us, Jessie Rupp