Marianne Barrier et Guy Doat, designers, ont créé la Manufacture de papier afin de développer des meubles et objets décoratifs à partir de pâte à papier.
Cette matière complexe, si riche de possibilités, impulse une nouvelle approche de la forme.
Marianne et Guy se sont engagés dans une production de modèles toujours uniques, la pâte présentant un aspect particulier et inimitable, incompatible avec l’idée de série.
Outre la collection, ils réalisent sur commande des modèles, des éléments de décor sur mesure. La Manufacture de papier s’inscrit dans une démarche respectueuse des ressources de la planète. Située dans le Perche, la manufacture n’emploie ni énergie fossile ni produits issus de la pétrochimie.
La force de la texture, soulignée par la vibration des tons naturels et des pigments employés, évoque des formes proches de la sculpture par le modelé, la sensibilité, proche du minéral. La Manufacture de papier, après deux ans d’exploration, a donné naissance à la matière apprivoisée permettant l’élaboration d’objets.
Les meubles et objets décoratifs sont fabriqués à partir de pâte à papier recyclée. Connue depuis des siècles, la technique du papier mâché produit un matériau d’une grande résistance qui peut, sans sourciller, remplacer le plastique. Sa facture
rappelle parfois celle de la céramique. La démarche est artisanale, chaque pièce sortant de l’atelier est façonnée à la main et prend ainsi un caractère unique.
Dans une démarche respectueuse de l’environnement, l’eau nécessaire à la production
est réemployée et fonctionne en circuit fermé. Le séchage de chaque pièce est naturel, sans recours à aucune source de chaleur. Enfin les surfaces finies sont traitées avec des cires et des vernis à l’eau, et la matière est teintée avec des pigments naturels.
Le musée des arts décoratifs attribue la découverte de la technique du papier mâché à la Chine, sous la dynastie Han, c’est-à-dire entre le IIe siècle avant J-C. et le IIe siècle après J-C.
En France, le Théâtre de la reine Marie-Antoinette à Versailles est construit en carton-pâte. Très populaire, cet art atteint alors des sommets de virtuosité, avec des chinoiseries dans un luxe d’incrustation de nacre et de laques sophistiquées sur des meubles et des objets que l’on croirait réalisés en bois.
L’industrie s’empare de la technique au XIXe siècle, avec des procédés nécessitant de nombreuses ressources thermiques et chimiques. Puis les cartonneries, dont la célèbre Adt à Pont-à-Mousson, ferment avant la fin du XXe siècle, concurrencées par l’industrie du plastique.
Matériau tombé en désuétude, le papier mâché a demandé deux ans d’exploration pour se laisser apprivoiser. Des archives nationales aux musées d’artisanat, les designers retrouvent les recettes et les techniques des anciens.
Après des mois de tests, recherches expérimentales, ils ont obtenu cette matière dont ils connaissent par cœur les variations et les effets. La manufacture est installée dans une ancienne métallerie.